On pense que ses ancêtres sont originaires du toit du Monde, de l’Himalaya tibétain et du Tien-Shan chinois. Dans ces contrées, les petites tulipes dès la venue du printemps, elle teintaient de rouge et d’orange les versants caillouteux des montagnes. Les nomades séduits, transportèrent les bulbes vers les plaines, de là commença la conquête mondiale de la tulipe.
La tulipe fut cultivée dès le XIè siècle dans les environs de Bagdad et d’isfahan. C’est à cette époque qu’Omar Khayyam (1040-1125), mathématicien, écrivait des Quatrains dans lesquels il chantait la tulipe en hommage à la femme aimée:
Si sur le verre de vin je fais des économies
J’achèterai quelque part un espace d’herbe
Avec partout parmi les herbes des tulipes superbes
Des tulipes jolies comme ma jolie.
Quand les ottomans envahirent les Balkans à la fin du XIVème siècle, ils y importèrent la tulipe. Le sultan Mehmet fit construire, près de Topkapi, son palais d’Istanbul, le pavillon de Félicité, entouré d’immenses Jardins de Paradis qui descendaient en terrasse vers la Corne d’or et le Bosphore.
Son arrière petit-fils Soliman le magnifique, sultan en 1520, embellit encore les jardins entretenus par mille jardiniers qui cultivaient rosiers, oeillets, jacinthes et narcisses, à côté de la tulipe, la fleur par excellence, la « fleur de Dieu ».
À cette époque, on commença à créer de nouvelles variétés baptisées « lumière de paradis », « perle incomparable », « rose de l’aube » ou encore « inspiratrice de passion ». La fleur la plus recherchée, était étirée comme une amande aux pétales longs et pointus. Pratiquement encore inconnue en Europe, la tulipe décorait chez les turcs les vases, les carreaux de céramique, les tissus les tapis de prière, les armures.
L’ambassadeur d’Autriche Ogier Ghislain de Busbecq fut sans doute un des premiers Européens à contempler les tulipes dans les jardins d’Istanbul et peut-être à en rapporter quelques bulbes dans son pays.
Plus certainement, Conrad Gesner, botaniste suisse, la vit et en fit la description en 1559; dès cette époque, la tulipe fut connue en Italie, en France et surtout en Angleterre où l’on développa les variétés. Outre sa beauté, on lui prêtait des vertus médicinales: un bulbe consommé écrasé dans du vin rouge était censé guérir le torticolis!
La démocratisation de la tulipe dans le Royaume des Pays-Bas du XVIIème siècle.
Carolus Clausius fût l’un des premiers à planter et cultiver de nouvelles variétés de tulipes dans son jardin botanique de Leyde, où elles furent volées au bénéfice de « collectionneurs ».
De la famille des Liliacées, la tulipe a une corolle formée de six sépales, soit trois sépales et trois pétales, tous colorés, dont le centre de couleur différente et plus foncée est appelé l’oeil; six étamines entourent l’ovaire tribolé.
Au printemps, les feuilles et la fleur jaillissent, hors du sol, du bulbe souterrain dont les écailles, qui sont aussi des feuilles, se trouvent groupées sur une tige aplatie nommée « plateau ». Le bulbe produit des bulbes annexes, appelés «crayeux», qui fleurissent au bout de trois ans alors qu’il faut sept ans à la graine pour donner une plante apte à la floraison.
Dans les conditions naturelles, la fleur s’ouvre le matin, se ferme le soir; une température variable entraîne également son ouverture ou sa fermeture. Les tulipes sont classées en deux catégories: les botaniques et les horticoles. On a répertorié plus de 140 espèces de tulipes botaniques, dites aussi « sauvages ».
Parmi les espaces de tulipes botaniques, nous pouvons citer:
- Tulipa clusiana, blanche barrée de rouge.
- Tulipa fosteriana, aux fleurs satinées écarlates.
- Tulipa greigii, rouge aux larges feuilles striées de brun.
- Tulipa kaufmanniana, la tulipe nénuphar blanche.
Les tulipes horticoles, hybrides de jardin, sont très nombreuses, précoces, de mi-saison ou tardives. Le choix pour le jardin est difficile entre les tulipes Mendel aux fortes tiges, les tulipes Darwin très résistantes, les tulipes à fleurs de lis allongées, les tulipes tardives «cottage» de grandes tailles, les tulipes «perroquet» aux pétales frisés. frangés, dentelurés, les tulipes triomphes, et les tulipes à fleurs doubles.
Parmi les couleurs, le choix est aussi cornélien: blanc, rose, saumoné, orangé, jaune, rouge, cramoisie, carminé, écarlate, violacé …
Mais il est une couleur que l’on ne peut acquérir car elle n’existe pas: c’est la tulipe noire. Les variétés dites noires sont des violettes très soutenues.
La recherche de la tulipe noire n’est pas récente et elle est le sujet d’un roman écrit par Alexandre Dumas, La Tulipe noire.
La Tulipomania !
Et pourtant, ce n’est pas elle qui fut la plus recherchée au XVIIème siècle, dans les Provinces-Unies (ancien nom des Pays-Bas), mais bien une Tulipe Rembrandt blanche flammée de rouge sang, qui put valoir l’équivalent de deux maison et dont une dizaine de bulbes seulement répertoriées. Elle était coûteuse et recherchée parce que rare: sa reproduction était aléatoire, ses propres bulbes ne donnant parfois pas toujours la même fleur. On en découvrit la raison seulement au XXème siècle: cette tulipe, comme toutes les flammées, était une tulipe malade atteinte du virus de la «mosaïque» !
Pour le plaisir de contempler au printemps les plates-bandes fleuries de leur jardin, les riches collectionneurs hollandais XVIIème siècle souhaitaient posséder non seulement la Semper Augustus, mais aussi la Viceroy flammée de lilas, l’Admirael van der Eijck flammée de pourpre, la Root en gheel von Leyden flammée de rouge sur fond jaune et quelques autres qu’ils choisissaient d’après les aquarelles des catalogues présentés par les horticulteurs. Ceux-ci étaient installés près de Haarlem où le terrain sablonneux convient bien aux tulipes.
La rareté des bulbes faisait leur prix et certains s’avisèrent que leur vente pouvait rapporter de grosses sommes: ils se firent fleuristes intermédiaires entre les horticulteurs et les clients dont le nombre allait croissant. La demande augmenta et les prix montèrent, même pour les fleurs monochromes les moins appréciées.
Puis ce fut la spéculation; on vendait des bulbes qu’on n’avait jamais vus, qu’on ne possédait pas, à des clients qui n’avaient pas d’argent car ils avaient l’intention de les revendre aussitôt sans même les mettre en terre.
Achat et vente ne se faisaient pas à la bourse mais dans des tavernes, sur papier.
La frénésie atteignit son paroxysme durant Décembre 1636 et Janvier 1637. Puis les prix s’effondrèrent, la demande dépassant l’offre.
Malgré la tulipomania du XVIIème siècle, le goût des jardiniers du monde entier pour les tulipes ne cessera pas. Les Hollandais créeront le Parc floral de Keukenhof en hommage à ce bulbe si particulier.
Les champs de tulipes autour de Haarleem font la renommée de ce pays qui est le producteur mondial de bulbes. Au tout début du printemps, c’est bien la tulipe aux nombreuses couleurs qui, dans les jardins, est la reine des fleurs, bien avant que la rose ne remplace à l’approche de l’été.
des ptits cloclicot